Embrun…
Quand j’étais plus jeune je rêvais de Hawaï, de Roth ou bien de Nice…, mais que diable
est Embrun ? D’ailleurs…c’est où déjà ?
Quand je le savais enfin, j’avais une seule réponse : « Jamais je ne ferai un tel truc de
malades !!! »
Si je fais du triathlon, je veux en profiter et je ne cherche pas de supplice.
Le temps passait et j’ai pu faire finalement aussi quelques Ironmen.
Ils étaient tous en Allemagne – quel hasard grotesque…J’habite en France ! Alors autant
en faire un ici. Nice ? Pas vraiment. Courir le long de la plage sous le cagnard ? Merci !
Restait alors – selon moi – le soit-disant « mythique » Embrunman.
N’importe quoi ! Je n’aime pas la montagne en vélo, j’ai presque peur des montées et
donc je ne pourrais pas être bon. … Heureusement quelqu’un m’a expliqué un jour la
signification de « monter au train ». Ca me va…
Et pourtant, plus le temps passait, plus je lisais des rapports de courses de là-bas, plus
cette idée folle s’installait dans ma tête.
Cette année 2022 commençait vraiment pas top : Covid, OP péritonite, stress au boulot et
le décès d’un très bon ami fin mars. Fallait remonter la pente. (et mettre à profit les 5kg
perdus… ;-) )
Alors j’ai commencé à m’entraîner et à participer à quelques tri’s. Un petit stage et le tri L
de Carcans en mai (jour J moins 11 semaines…) m’ont réconfortés dans l’idée de me
préparer à faire Embrun et mon ami disparu m’a donné la force.
Vient ce fatidique 11 juin, qui me met au tapis ensemble avec le pauvre Cyril pendant une
de premières sorties longues en vélo. Plus de peur que de mal pour moi (quoique je ne
suis toujours pas éclairé sur une fracture éventuelle dans mon crâne…), mais une
élongation embêtante dans le mollet droit.
Du coup que des interrogations…sur les vacances, sur l’inscription pour Embrun et sur
quelques bobos…
Après plusieurs, différents contrôles médicaux et la reprise des entraînements (seulement
1 semaine après la chute) je me trouve devant le PC pour l’inscription – une semaine
avant la fermeture de celle-ci. Je ne suis clairement pas en avance… et il me resterait
même pas 8 semaines après la reprise.
Afin de me motiver, je me suis fait une planning hebdo. Si j’arrive à le tenir, j’aurais – à
mon goût – suffisamment de km en natation et en CAP, …mais pas en vélo (que 2400 km).
Gloup…
Mes pauvres « filles », Nadia et Elsa, ont juste dû subir cette décision, mais chaque fois,
quand j’ai commencé à avoir des doutes, Nadia m’a bien remonté le moral et m’a
repoussé dans le bon chemin. Donc je lui suis infiniment reconnaissant, d’autant plus,
comme je n’avais pas beaucoup de temps pour ma petite famille pendant ce temps. Je me
rattraperai !!!
Pour mes sorties vélo il fallait trouver des routes avec des montées…en Ile de France…,
pffff.
Bon, j’ai quand même réussi à me retrouver sur quelques endroits se prêtant à un
entraînement dédié : les quelques jolies montées à Brunoy / Yerres, la Jean Racine en

vallée de Chevreuse en reco, une autre reco sur place à Embrun (merci pour tes conseils,
Lolo!), un tour sur les « ballons » dans les Vosges et – déjà en vacances – l’Alpe d’Huez
une bonne semaine avant la course – oups. Malgré quelques revers de mon corps pendant
ces semaines, j’ai accumulé sur ces sorties et dans les autres disciplines finalement
suffisamment de confiance pour la course, aussi, car j’ai collé bien à mon planning.
Je savais, que je pouvais faire difficilement plus et il fallait quand même arriver un peu
reposé.

Arrive le week-end avant la course. On avait trouvé une chouette maison presque en haut
du Chalvet, où on arrive le samedi. Je récupère mon dossard et montre aux filles la base
nautique avec la parc à vélo et le village. Il fait beau et chaud ce jour.
La météo change complètement le dimanche : Il flotte deux tiers de la journée. L’après-
midi je trouve à l’occasion du briefing ma compagnie du CYT : Alex, Lolo et son beau-frère
Cyril. Manquent à l’appel le pauvre Michel ainsi qu’Amaury. :-(
On est tous excité et content d’entendre, que la combi sera autorisé – grâce à la pluie, qui
refroidit l’eau.
Il y a aussi nos amis de la Drôme, Laurence et Thierry, qui viennent exprès pour ce jour.
On se voit encore dimanche soir. En parallèle je prépare mes affaires et ainsi je me ne
couche pas plus tôt que 22h00.
Le réveil sonne à 2h45, après un sommeil assez léger et agité.
Cela laisse le temps pour se réveiller, manger et trouver une place de parking derrière la
piscine d’Embrun. J’ai eu beau arriver tôt, mon nom (et d’autres) n’est pas sur la liste des
participants. 10 min d’attente pour les listes actualisées font monter un peu la tension,
mais finalement j’ai encore largement du temps, même pour quelques coups de nage –
contrairement à Alex, Lolo et Cyril, qui semblent un peu tendus. Bizarrement je me sens
assez décontracté. De toute manière on va bien voir, comment ça se passe pendant la
journée.
Nadia et Elsa, qui se sont réveillées avec moi, n’ont que peu de possibilités, de nous voir
avant le vélo, grâce aux grillages montées partout. Dommage. :-(
6h. Le départ est sonné et on plonge dans le lac. Beaucoup de gens du club étaient
émerveillés par cette natation durant le levée du soleil derrière la montagne…Et ben, pas
moi. Un coup sur mes lunettes me force d’essayer de les réajuster pendant un moment,
ensuite je ne vois toujours pas clair et je distingue les bouées souvent qu’à l’approche.
Lolo m’expliquera plus tard, qu’il y avait un espèce de brouillard sur le lac. Aha ! Du coup
c’est souvent le baston autour des bouées, où tout le monde se retrouve… Sur les autres
Ironmen j’étais bien plus tranquille, j’ai l’impression. A moitié du parcours je commence
d’avoir chaud avec ma trifonction et la combi dessus et sur le 2ème boucle je dois
composer avec quelques crampes (chose rare pour moi), mais heureusement pas trop
grave et…merci à la combi quand même, qui me permet de ne pas trop bouger les
jambes!
Je sors de l’eau, prend un thé chaud, comme on nous a conseillé, sors de ma combi et
…(pour ceux, qui se sont interrogés… ;-) ) je vais dans la tente pour me changer.
Interdiction de se « mettre à nu » à coté de vélos !! (Pourquoi ? De toute manière les
spectateurs sont bien trop loin pour nous voir…!) Je n’ai pas envie de me prendre la tête et
– après discussion avec d’autres – j’ai décidé de mettre les habits de vélo, manger un bout
et…

…c’est parti pour 188 km de vélo. Fort heureusement j’ai fait une reconnaissance du
parcours ! Cela me laisse aborder les difficultés plus facilement. La première boucle avec
sa longue montée au début passe – plus ou moins – comme une lettre à la poste. Sur le
pont de Savines-le-Lac j’aperçois un « Orange ». C’est Alex. On discute un peu et il me
propose, de rouler ensemble. Pfff, comment faire ? Chacun a son propre rythme, ses
phases de bien et de moins bien !
Et pourtant, on se n’ai vraiment plus lâché sur tout le parcours vélo. Ligne droit : moi
devant, montée : Alex repasse, fin de la montée : je raccroche, descente : Alex s’en va,
ravitaillement : on se retrouve …et rebelote. J’espérais voir du monde au rond point
d’Embrun, mais je ne vois personne. Quelque part j’entends un « Allez Yerres ! »
Plus tard, la vallée du Guil est un régal ! Par contre la montée du Col d’Izoard me semble
plus longue qu’à la reco. Heureusement il ne fait pas trop chaud ! On y arrive environ 25
min avant la barrière horaire. Ca va encore! Vers les Vignaux je retrouve Alex, qui se sent
assez mal en point avec ces douleurs du dos. Ca lui n’empêche pas de me laisser sur
place au ravitaillement ;-) … Je lui rattraperai avant le Pallon, bref… A ce moment là, il
commence à faire chaud ! Petit plus : Moins du vent au retour à Embrun que pendant la
reco. Par contre je commence sérieusement à m’inquiéter pour la prochaine barrière
horaire au Pont Neuf à 16h25. On voit de moins en moins de cyclistes !! Du coup je zappe
un ravitaillement à St. Clement – à l’étonnement d’Alex… ;-)
De toute manière, ces ravitaillements, bien que suffisamment fournies, m’embêtent avec
leur label « ECO ». Vider le bidon, boire un coup Coca, vider à nouveau, remplir avec de
l’eau ou avec de l’Iso… En plus, je m’arrête quasiment par tout. Ca prend du temps. Bien
pour la nutrition, mauvais pour la gestion de barrières horaires et le temps vélo (pour
moi…), mais peu importe, je voulais juste boucler la boucle et je n’ai pas cherché à aller
vite.
A la gare d’Embrun je vois enfin ma famille et nos amis ! Thierry et Elsa courent même un
peu avec moi. Ca fait du bien. En haut du Chalvet je rattrape à nouveau mon Alex. Ca
touche son orgueil et il s’en va comme une fusée. Moi aussi, j’ai hâte de terminer le vélo,
car depuis de dizaines de km j’ai super mal sous le pied. Espérons que cela s’en va
pendant la CAP !!
A propos : Cela veut dire que j’ai fait un gros pas vers l’arrivée !? :-) Bon, il restent encore
les quelques 42 km…
…Je pose le vélo, j’arrête mon compteur, je repasse dans la tente de rechange,
tranquillou, car désormais je suis bien dans le temps. Petite pause pipi et me voilà sur le
parcours CAP.
Je recroise Alex, qui est un peu devant moi. Avec les kilomètres vélo et le dénivelé dans le
jambes je ne cours pas vite, en me disant, que, dans quelques kilomètres cela devrait aller
mieux. A ce moment là je cours encore toutes les montées.
Entre la base nautique et la ville il y a du monde, qui nous encourage. Aussi ma famille et
mes amis m’attendent là haut. Cool ! Je me sens pas trop mal, mais… ça ne va pas aller
mieux, comme je l’espérais initialement!
Je pense, que c’est le chaleur qui me « casse » les jambes et les ravito’s en « self-
service », comme en vélo. A la base je suis un peu « écolo », mais là je rouspète dans ma
barbe… d’autant plus, car, quand je demande de l’eau pour l’éponge, il y a personne qui
daigne à me répondre. Cela en plus d’un espèce de burn-out cérébrale, qui te ne laisse
pas vraiment regarder plus loin que ton nez et les jambes, qui deviennent tout
caoutchouteuses… Bref, je commence à me traîner de ravito en ravito.

Quand je pars pour mon 2ème tour, je vois Alex arriver pour terminer son tour. Lequel ? Il
m’a mis déjà un tour dans la vue, le petit jeune ? Il m’avait regardé tout malicieux, quand
on s’est vu la 1ère fois tout à l’heure. Puis j’attends, qu’il me double, mais il n’arrive pas.
Bizarre. Par contre je recroise sa petite famille quelque fois. Alors il est bien quelque part !
Je le vois encore une fois bien plus tard, contrairement à Lolo et Cyril. Je n’ai même pas la
force, de demander Céline, qui m’encourage sur la digue et qui mitraille avec son appareil
photo, où ils se trouvent. Rien m’importe. Avancer, pas par pas. Sur le 2ème tour je
marche dans la grosse montée (comme a dit Lolo aussi). Or, Thierry est venu exprès pour
courir avec moi. Ma tête a déjà clôturé la question. Je marche. Difficile en haut de
reprendre la course, mais dans la ville on est bien soutenu. Vient la descente, qui laisse
un peu souffler et…qu’est-ce que c’est longe cette 2ème partie du parcours ! Aussi je vois
la première fois un panneau, fait à la main, à taper dessus « pour un peu de force en
plus ». J’y tape …et évidemment rien ne se passe…mais ce petit truc me fait sourire. En
fait si, cela t’aide d’autant que les petits mains, lesquelles te tendent quelques enfants.
Je fais mon 2ème boucle autour de la piscine (celui, que je n’avais pas vu en reco et qui
m’a déjà mis un coup au moral au premier passage), j’arrive au ravito derrière le parc à
vélo et…je m’assois. La fille derrière le stand me demande gentiment « Avec quoi je peux
vous faire plaisir ? » « Rien pour l’instant, merci ! » Après un longue moment je me lève, je
mange un peu, je marche, puis, bien plus tard je commence à trottiner à nouveau. Sur la
petite montée après la digue je marche aussi cette fois. Je croise mes filles et mes amis.
Je dois faire une impression pitoyable. A ce moment là je ne suis pas sûr, pouvoir terminer
le 3ème tour. En dépit de cela, ils m’encouragent et Elsa court quelques mètres avec moi.
Je me traîne jusqu’en ville.
Je trottine, toujours encouragé de partout et puis – miracle ! – mes jambes sont revenues !
Est-c’est l’air frais de la nuit, qui commence à tomber, qui me fait revivre? Je cours de plus
en plus vite et je m’arrête seulement très brièvement aux ravito’s. Je ne prends même pas
de temps de prendre ma frontale. Je double plein de monde. Vient finalement le boucle de
la piscine, que je fais presque en sprint, ainsi que l’arrivée sur le tapis bleu – dans la
pénombre (je ne vois pas mon « fanclub » :-( ), mais avec plein des applaudissements et
encouragements… Arrivé ! Yes ! Well done ! Geschafft ! Un grand poids tombe de mes
épaules ! Envers et contre tout (même contre moi) – je l’ai fait et ça, personne me
prendra ! Que je sois resté en dessous de 16h, était juste le petit plus, car « arriver » était
l’objectif ! Boucler la boucle.
Après une petite pause avec de la bière bien méritée je récupère mes affaires et le vélo et
– enfin – je tombe dans les bras de ma famille et de nos amis. Eux aussi ils ont tenu toute
la journée ! Chapeau ! Surtout pour ma petite Elsa !!!
Plus tard j’apprends, que Cyril était hors délai, que Lolo était bien arrivé en premier (pas
surpris) ainsi que mon « petit Alex » est arrivé derrière moi. Ah bon ? Peu importe, content
qu’on soit arrivée ! Und grand bravo à vous ! Je croiserai aussi les doigts pour ta
prochaine tentative, Cyril . Tu vas l’avoir !
Et chapeau bas aussi à Jeremy !
L’immensité de l’effort accompli je commençais cerner seulement 3 jours plus tard, quand
nous ont rencontré 3 messieurs au snack de Le-Sauze-du-Lac, qui mes disent à peu près
« Quoi ? Tu à participé à ce truc ? Content, de faire ta connaissance ! Laisse moi te serrer
la main ! Félicitations !…. »

Un dernier mot – mes remerciements à :
– ma Nadia et ma petite Elsa pour votre support inconditionnel
– nos amis Laurence et Thierry ainsi que les familles de Alex, Lolo et Cyril pour vos
encouragements
– Lolo, Gilles, Olivier, François, la Tique pour vos conseils
– notre Club – pour vos entraînements, vos récits de course et surtout pour tous vos
encouragements par mail, sms, téléphone etc => content, de faire parti du CYT 91 !!!

Arnd